Le lien entre formation commune et travail personnel

La vie privée de la personne et son engagement professionnel se trouvent séparés par une frontière visant à délimiter l’espace réservé au travail. Le droit crée cette frontière par une protection de la vie privée des individus et il veille à ce qu’elle ne soit pas ignorée. Dans le droit civil, en droit du travail, on trouve à chaque fois des règles visant à garantir l’application de ce principe de respect de la vie privée des personnes. Cette protection est mise à mal par le développement de la formation. Plusieurs raisons aboutissent à ce constat. La formation n’est pas un travail et ce n’est pas une activité purement privée. Elle ignore la frontière qui sépare les deux.

Il n’est pas possible de positionner la formation dans une seule de ces divisions, elle reste donc en travers. Par conséquent vouloir former les individus sur le temps de travail ou leur demander de se former sur leur temps libre remet en cause cette séparation. Nous avons expliqué que le temps de vie devait être divisé en trois au lieu de deux. La prise en compte de la formation dans la vie des personnes devrait conduire à créer une seconde frontière de manière à isoler le temps de la formation. Jusqu’ici le domicile symbolise le rattachement à un lieu qui est réservé à la vie de famille et aux occupations de nature privée. Si on demande aux personnes de se former tout au long de la vie le domicile acquiert par la même occasion une relative mixité dans son affectation dans le sens il devient aussi un lieu d’étude.

Le temps de travail

Il est important de le voir et d’en tirer toutes les conséquences. La vie privée est réduite d’autant et le temps de travail augmenté. Si on considère que l’étude n’est pas un travail, il reste à lui donner un statut juridique particulier, ce qu’elle n’a pas à la date d’aujourd’hui. La fiscalité autorise la déduction des dépenses de formation de son revenu imposable, mais la législation s’arrête là. Nous voyons que l’idée d’instaurer une formation tout au long de la vie pose des questions relatives à la gestion du temps et de l’espace qui sont complexes et loin d’être résolues. En l’état actuel des choses le mélange des genres est fréquent. Il se rencontre chaque fois que l’on décide d’un lieu de formation qui se révèle inadapté ou d’un temps de formation inadéquat. Ainsi, prenons pour exemple les formations professionnelles organisées par les entreprises qui conduisent à mélanger, parfois sans précaution, la vie privée et la vie professionnelle de leurs salariés.

Ce peut être un stage situé dans un lieu de vacances, la contradiction nuit au travail et à la vie privée, le salarié se retrouve frustré, il a le sentiment de perdre une partie de son individualité. La même réserve peut être formulée à l’égard des formations professionnelles qui se déroulent entièrement hors du temps de travail. Reconnaître ces difficultés c’est admettre l’existence de deux temps dans la formation et son unité, c’est une activité transversale, à apprécier dans sa globalité, qui se trouve divisée par l’organisation de la vie en société. Le modèle du campus a été présenté pour démontrer l’importance de ces liens. Il suffit d’enlever cette organisation pour retrouver différents lieux de formation.