Deux grands systèmes de formation coexistent en France. Il y a d’un côté l’enseignement général et de l’autre l’enseignement technologique et professionnel. Le-premier est généraliste et qualifié de long, le second, plus court, doit former rapidement à un métier. Le contenu de ces enseignements diffère et est en accord avec leur finalité. Ce clivage se retrouve dans l’organisation du travail. L’économiste Adam Smith a vanté les bénéfices tirés de la spécialisation du travail vue sous l’angle de la division du travail. Par la suite l’organisation du travail a été modifiée de manière à obtenir une séparation entre le travail de conception, de commandement, et celui d’exécution. La doctrine de Taylor qui est à l’origine de ce système est connue sous le terme de taylorisme. Ses applications les plus connues se trouvent dans l’industrie, mais le secteur des services est aussi concerné. Il y a eu de nombreux conflits dans l’organisation du travail et la production des richesses au cours des XIXe et XXe siècles.
Une reconnaissance sociale différente
Ils sont souvent associés à la reconnaissance de classes sociales différentes, celles-ci seraient liées à une organisation du travail opposant des salariés et des capitalistes. Les conflits ont évolué et ils ne portent plus sur les mêmes questions. L’opposition entre classes sociales s’est diluée dans une mondialisation qui oblige à raisonner en termes de pôles économiques. Cette histoire de classes sociales et de division du travail explique que l’on continue à différencier, du moins dans les termes, enseignement général et enseignement technique ou professionnel .’Le classement des études par niveau et par compétences, la distinction entre les titres professionnels et les diplômes constituent les dernières survivances d’une division qui n perdu de sa pertinence. L’équilibre entre les différentes filières est modifié. Les filières qui forment directement à un métier attirent davantage de monde. Leur développement correspond aussi à un besoin des entreprises, car la nature du travail évolue vers davantage de technicité et parfois même vers une plus grande autonomie.
Ainsi, par exemple, un secteur comme le bâtiment qui a encore la réputation d’employer du personnel peu qualifié se trouve confronté à un renouvellement des exigences et des compétences nécessaires pour construire et rénover l’habitat. Les techniques de construction doivent désormais respecter des critères écologiques. Il y a tout un savoir faire nouveau à acquérir. Il faudra former du personnel capable de comparer les projets existants et de mesurer les avantages et les inconvénients de chaque solution. Il n’est plus possible « d’apprendre sur le tas » car l’observation des autres et le conseil des salariés plus expérimentés se révèlent insuffisant. Il y a donc à la fois une professionnalisation des études et dans le même temps la nécessité de permettre aux personnes engagées dans la vie active de prendre du recul par rapport à leur pratique. Elles ont besoin de connaissances nouvelles et elles peuvent être obligées de renouveler leur manière de travailler. Ce n’est donc pas une évolution à sens unique.
Une unification risquée
Il serait risqué de parier sur une unification de ces deux systèmes de formation. Il y a cependant des facteurs de convergence. Ceux qui sont titulaires d’un baccalauréat professionnel ou technologique sont de plus en plus nombreux à poursuivre des études au-delà du BTS. Il n’y a donc plus d’opposition stricte entre études longues et études courtes, il y a par contre différents niveaux de formation. Le secteur des services demande des compétences techniques et relationnelles. La technique est devenue très complexe. Ainsi, par exemple, on intègre des composants électroniques dans le fonctionnement de la mécanique.
Tout le monde est concerné par ces évolutions quelle que soit sa position dans l’entreprise. Les frontières créées entre les disciplines et les formations semblent aujourd’hui en partie artificielles. Des activités nouvelles se développent et génèrent des besoins nouveaux en termes de formation, par conséquent l’offre se diversifie à la fois en terme de niveau et de contenu. Le secteur de l’éducation connait une importante progression, celle-ci nous questionne sur sa place dans notre société. Si on le compare aux autres secteurs économiques il est tentant d’inclure la formation dans le secteur quaternaire. Le critère de définition de ce nouveau secteur d’activités est la fonction de soutien par rapport aux autres secteurs économiques et l’impossibilité de positionner ces nouvelles activités en termes de filière. Ainsi, par exemple, l’activité de conseil ne peut pas être considérée comme agricole ou industrielle. Le conseil s’adresse à ces deux secteurs et aussi aux services. D’où l’idée d’un secteur quaternaire. Le métier d’enseignant est très ancien, mais son évolution peut conduire à le regrouper avec la formation pour placer l’ensemble dans le secteur quaternaire et en faire une activité de soutien au reste de l’économie.